Critique I
par Le blog uchronique de Daidin
"1986 – Un rescapé des camps nazis apparaît à Mauthausen comme s’il venait juste de s’évader de ce camp, il est d’abord arrêté comme vagabond mais il disparaît de sa cellule alors que 4 policiers étaient dans la seule pièce qui menait vers l’extérieur.
Les journaux du monde entier s’intéressent à l’affaire et un éditeur et propriétaire de journal anglais demande à un écrivain qui se trouve à ce moment en Allemagne d’aller jeter un coup d’œil et de recueillir des renseignements sur cette affaire.
Lorsque Mark Spencer commence son enquête, il ne s’attend pas se retrouver au cœur d’une histoire de voyage dans le temps et c’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. En effet, l’ex prisonnier avant de disparaître avait demandé que l’on prévienne les professeur Verdlock et Deitmer. En enquêtant sur ces deux hommes, Spencer découvre qu’ils travaillaient sur un projet nazi secret pendant la deuxième guerre mondiale.
Ayant découvert que le professeur Verdlock vivait toujours et était en Angleterre, Spencer décide d’aller l’interroger sur place. Pendant qu’il discute avec le professeur et sa petite-fille Linsey, 3 hommes font irruption dans la maison du professeur et l’abattent. Ces trois hommes sont à leur tour abattus par deux autres individus avant de pouvoir descendre Spencer et Linsey.
Les deux saauveteurs, Conover et Georgie, emmènent Spencer et Linsey à Londres en 1946, enfin un 1946 où la 2ème guerre mondiale continue parce qu’Hitler a pris une machine à voyager dans le temps (développée par l’équipe du professeur Deittmer) pour revenir en 1940 et corriger certaines des erreurs qu’il avait fait dans la ligne temporelle originelle. Ensuite, Conover et Georgie transportent Spencer et Linsey dans l’Angleterre de 1986 telle qu’elle est devenue après la victoire de l’Allemagne: un pays revenu à l’époque médiévale et où les seigneurs sont allemands et les serfs anglais.
Spencer et Linsey vont alors suivre un entrainement poussé pour se rendre à leur tour en 1940 et empêcher Hitler de reprendre les choses en main.
Si le style d’Alain Paris est assez agréable, il est dans ce cas-ci, son propre ennemi. En effet, le récit est mené tambour battant et l’on n’a pas le temps de s’ennuyer mais il est en même temps très court et le mélange des deux fait que l’on a l’impression de survoler des tas de choses importantes. Cette histoire aurait mérité un beaucoup plus long développement. Même si comme je l’ai lu ailleurs, « Reich » n’est que l’introduction à une série de l’auteur (« Le monde de la terre creuse »), il y avait matière à étoffer cette introduction.
« Reich » est plus un récit de voyage temporel qu’une uchronie. Le problème du voyage temporel, c’est que dès que l’on retourne dans le passé pour en modifier quelque élément, on modifie le futur et même la plus petite modification peut avoir de très grandes conséquence (voir la théorie du papillon). Ici, on est en plein paradoxe temporel. Comment des Anglais de 1946 peuvent ils se transporter dans un futur qui n’est pas le leur pour empêcher le meurtre de gens qui vont les accompagner dans un passé qui n’est pas le leur.
La seule explication logique mais qui n’est pas avancée ici, ce serait qu’il existe dans l’univers de « Reich » des univers parallèles bien précis et que les machines à voyager dans le temps peuvent également être réglées pour voyager dans ces univers précis."
Ma note personnelle: 13/20
« On ne peut vous blâmer de refuser l'évidence, dit Hitler. Les univers possibles sont infinis et il y a toutes les chances pour que vous ne regagniez jamais le vôtre. La réalité est là où vous vous trouvez. Elle est ici, en ce moment présent. Et, en ce moment présent, je prépare l'univers de demain tel qu'il sera fixé à jamais, que vous le souhaitiez ainsi ou non ! »
Cette uchronie met en scène une lutte à travers le temps pour empêcher Hitler de retourner la situation à son avantage ; ce roman est également un prologue au cycle extraordinaire d’Alain Paris, « Le Monde de la Terre Creuse », que vous retrouverez prochainement chez L’ivre-Book.
Saluons l’arrivée en numérique d’un grand auteur français de l'imaginaire.
Critique II
par Chatfou
"Pour ceux qui ne connaissent pas l'uchronie, c'est exactement le principe des univers parallèles, sauf qu'on sait quand il y a eu divergence. Bref, ça part d'une théorie qui veut qu'à chaque instant, chacun de nos choix crée un nouveau futur, il y a donc autant de futurs qu'il y a d'instants et de choix. Certains sont très proches, d'autres sont très éloignés, en fonction du moment et de la personne.
Et là, imaginez qu'Hitler ne meurt dans son bunker pas en 1945, mais retourne en 1940 pour "se remplacer" et refaire la guerre sans commettre les erreurs qu'il a faites . Imaginez un homme de notre 1986 qui découvre un Londres de 1946 sous les bombes, une Angleterre de 1986 qui est un duché allemand avec un niveau de vie moyen-âgeux. Imaginez que cet homme doivent retourner en 1940 tuer l'Hitler revenu de 1945 pour réorienter l'avenir.
C'est non seulement ce que nous promet Alain Paris, mais aussi ce qu'il nous offre. Et c'est très bon.
Bon, Alain Paris n'est pas un débutant, on sent qu'il maitrise l'écriture, le rythme est excellent, il y a une recherche sur les personnages historiques, ce ne sont pas de simples noms utilisés "parce que ça fait bien". On sent qu'il s'est posé les questions sur ce qu'auraient pu être les avenirs qu'il crée.
En fait, je n'ai relevé qu'un point que je ne m'explique pas: comment les personnes de l'autre 1946 ont pu venir dans notre 1986 pour récupérer Mark (c'est le héros, vous le saurez assez vite) et retourner dans leur propre passé. Bon, j'ai une belle théorie à ce sujet, avec des histoires de probabilités et de paradoxes, mais en fait, on s'en fout. Ca se lit, même très bien, et je parie une livre d'or contre une tonne d'eau de mer qu'il va y avoir une suite, parce que la fin...
Nan, là, ce serait trop spoiler... N'empêche que la fin..."
Critique III
par Euphemia
"J'ai lu ce texte dans le cadre d'une lecture commune du forum E-Lire. Et je remercie l'éditeur, L'Ivre Book, de nous avoir offert la possibilité de lire ce roman.
Ce roman relève de l'uchronie et les personnages évoluent dans le passé, mais dans un passé bien différent du nôtre. En 1986, Mark Spencer, écrivain anglais résidant temporairement en Autriche, est contacté par son éditrice. Puisqu'il ne parvient pas à écrire, pourquoi ne pas faire une petite recherche pour un collègue. Et cette petite recherche va le fourrer dans un joyeux pétrin...
L'histoire se centre autour du thème du voyage dans le temps. A force de faire un bond par ci et un bond par là, le lecteur a la tête qui tourne ^^
Les personnages, Mark et Linsey, ne sont pas désagréables mais on les connait assez peu à la fin du récit. Quant à l'intrigue, on accroche bien et on reste un peu sur sa faim, mais en tant que prologue d'un cycle, c'est un peu le but. Et j'avoue que c'est un bon prologue parce que ça me donne envie d'en savoir plus, sur l'intrigue mais aussi sur les personnages.
Bref une lecture agréable, qui donne envie de lire la suite et de savoir ce qui arrivera à nos personnages (si on les retrouve, ce que j'espère car je sens plein de potentiels en eux)."
Critique IV
par Sylvain Johnson
"Qu’est-ce qu’un écrivain fouineur, la petite fille d’un scientifique visionnaire et la Seconde Guerre mondiale ont en commun?
C’est très simple : ils sont tous trois adroitement enchevêtrés dans un récit surprenant qui vous transportera littéralement dans le temps.
Une autre petite perle numérique à découvrir.
Alain Paris possède une plume efficace, descriptive sans tomber dans l’abus et c’est avec un talent indéniable qu’il nous fait brièvement visiter des époques différentes de la nôtre. J’ai bien aimé l’ambiance de ces endroits que les personnages explorent. L’auteur rend avec justesse (du moins l’impression que j’en ai, car je n’ai jamais vécu en Allemagne durant cette époque) l’atmosphère à mi-chemin entre la paranoïa d’un régime cruel et l’impression d’une guerre imminente qui pourrait s’abattre sur les protagonistes de l’histoire.
Le rythme est endiablé et les actions se succèdent les unes après les autres. J’ai plusieurs fois été surpris des retournements dont nous sommes « victimes » et auxquels je ne m’attendais vraiment pas.
Certains diront que le sujet du régime nazi et de la Seconde Guerre mondiale ont déjà été largement utilisé, pour ne pas dire surutilisé. Cette période de notre histoire est si vaste en éléments troublants qu’il est à mon avis très difficile de s’en lasser. En fait, qui n’a pas le goût de détester ce pauvre con de Hitler à nouveau?
Le roman est court, mais construit sur une formule gagnante. Un mélange d’éléments historiques, une ambiance de danger imminent qui nous tient captifs et un petit voyage dans la folie tout ce qu’il y a de plus humaine. Et que dire du méchant de cette histoire? Le plus terrible personnage des derniers siècles!
Un seul détail du récit m’a légèrement intrigué – le peu de détresse venant de la jeune femme qui perd son Grand-papa, elle s’en remet très bien et très rapidement. Le rythme rapide des évènements vient peut-être atténuer la tristesse, sa propre survie obnubilant ses pensées.
Comme on dit chez nous au Québec « Attache ta tuque! » et en gros, cela veut dire qu’une belle aventure vous attend.
Voici une citation que j’ai retenue :
« Une forme surgit derrière lui et une main gantée se plaqua sur sa bouche, étouffant son cri de terreur primitive. Puis il ressentit un éclair froid au niveau de la gorge et il comprit qu’il allait mourir, qu’il était déjà mort, la gorge tranchée. Une vague pensée affleura à la limite de sa conscience, celle que l’accès à l’éternité ne signifie pas, mais alors pas du tout, l’immortalité. »
Dernière chose aux scientifiques de notre monde : Si vous découvrez une technologie qui permet de voyager dans le temps, n’allez pas faire des conneries! (Comme s’ils nous écoutaient…)"