Perdue au milieu des flots de la Mer de Beaufort, se trouve Bush Island. Le seul endroit de la planète où l’on souhaite ne pas avoir à se rendre : prison de haute-sécurité remplie de ce que l’humanité fait de pire en matière de criminalité.
Gardée en permanence par des hommes armés ; surveillée par un système de caméra couplé à des faisceaux lumineux aléatoires et des armes lourdes ; protégée par des eaux froides et abyssales, des navires de surveillance et des drones cybernétiques aux crocs acérés.
Le lieu de villégiature involontaire du plus grand hacker de son temps.
Le seul endroit que Clara cherche à atteindre car sans Raphaël Leumann, son plan est voué à l’échec. Le vol d’information au siège de l’EFC ne pourra pas aboutir. L’en sortir ne sera pas une partie de plaisir.
Mais les prisons sont faites pour empêcher les gens de sortir, pas d’entrer, n’est-ce pas ?
Critique I
par Illion
"Retour dans la sphère cyberpunk avec le tome 2 de la série de Christophe Rosati, Ouroboros. Nommé cette fois-ci "Raph", l'action et le chapitrage de cet e-book de 86 pages reprend exactement là où elle s'était arrêtée au tome 1. La structure du récit est sensiblement la même, je n'y reviendrais donc pas. Seule la répartition des chapitres change : 4 pour Clara (ce qui la confirme donc dans son rôle de personnage principal), 2 pour Raph, un pour Rob, un pour John Matsuko et un intermède/boucle avec John et Clara. L'action se poursuit en flash-back depuis la nuit du 5/6 mai jusqu'au 7 mai, où elle s’interrompt à nouveau.
Au niveau des personnages Clara est donc confirmée dans son rôle de perso principal ET point focus de la série (bien que le pourquoi du comment reste nébuleux). La plupart des "flash-backs", si tant est qu'on puisse utiliser ce mot puisse que le récit est déjà un flash-back en soi, concerne son propre passé. Tout semble d'ailleurs tourner autour d'elle de près ou de loin, jusqu'à John, le policier chargé de retrouver ceux qui ont exfiltré Raph, qui a un passé commun avec elle - ce qui donne d'ailleurs lieu à un cliché classique et un peu facile.... Quand à Raph lui-même, il dispose d'une narration très imagée et basée sur l'imagination, correspondant à sa mentalité immature de hacker.
Dans ce deuxième tome, Christophe Rosati développe son univers. La guerre contre les cyborgs est à nouveau évoquée, avec un retour sur le premier intermède dédié à la rencontre entre Clara et Rob. Cette guerre apparaît de plus en plus comme un élément central du background de l’œuvre. On retrouve également une double occurrence parmi les personnages d'une étrange affaire autour d'une planète et d'un sous-marin qui ont purement et simplement disparus, ce qui - si ma mémoire est bonne - était déjà évoqué aussi dans le premier tome. Coïncidence ? Peut-être pas. On trouve aussi des idées très élégantes. Dans ce monde en décadence, l'homme crée de nouveaux paradis en colonisant d'autres planètes qu'il nomme d'après les anciennes mythologies, notamment nordique et biblique avec les colonies d'Asgard et d'Eden. Mais plus qu'un univers cyberpunk l'auteur dévoile peu à peu son talent de la référence et il est plaisant de les chercher et les comprendre. D'autant plus qu'elles apportent une note de fraîcheur et d'irréalité bienvenue dans un univers sombre et ultra technologique.
Autrement on continue à explorer les thèmes propres au genre cyberpunk avec le clonage, la technologie et le corporatisme (industriel et économique). Ceci pourrait bien rendre l’œuvre de Christophe Rosati unique dans le milieu puisqu'elle cumule la plupart des thèmes récurrents du cyberpunk alors que ce n'est généralement pas le cas dans les œuvres de ce type. Mais ce qui est vraiment passionnant c'est le côté étouffant de la technologie. Les personnages sont quasi-dépendants à la technologie et de manière presque systématique. Il se passe rarement une page sans qu'ils ne l'utilisent d'une manière ou d'une autre. Le pire c'est que cela n'est pas si éloigné (ou de moins en moins) de notre propre monde. Certes l'auteur peut s'inspirer de notre présent pour développer son futur hypothétique, mais il y a un petit côté visionnaire qui me paraît intéressant.
Le seul vrai point noir, c'est le côté parfois un peu brouillon de la narration. Il ne s'est pas écoulé trop de temps entre ma lecture du premier et du deuxième tome, mais j'ai été un peu perdue au niveau des personnages. Pendant un moment je ne savais plus qui était Rob et qui était Raph, je les confondais. Ça a fini par se résoudre mais ça m'a quand même posé un problème."