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Ils sont les ignobles, victimes de leur différence, souffre-douleur des cours d’école, les proies de l’ignorance que l’intolérance met en marge de la société. Pour échapper au tableau des opprobres, Camille a préféré couper les ponts avec sa famille.

 

Jusqu’au jour où la mort de ses parents dans l’incendie de leur maison l’oblige à reprendre le chemin de la Vienne. Il recueille alors son frère cadet, Mathis, un adolescent torturé par la culpabilité de n’avoir pu sauver ses parents.

Critique I
par En coeur des livres

 

"C’est le troisième magnifique roman et auteur français que je découvre dans cette jeune maison d’éditions numériques."

 

"En ce funeste 11 mai 2007, Nobert Loisot enterre Anna, sa femme après 13 ans de mariage sans enfant.

 

17 juillet 2012, Camille et Mathis sont devant la tombe de leurs parents. Le premier devient le tuteur du second, plus qu’à convaincre son colocataire Aaron pour ce chamboulement dans leur minutieuse organisation et le bailleur paraplégique, pas très aimable, qui n’apprécie pas les enfants.

 

Comment faire face à un deuil ? Comment surmonter ses souffrances et ses peurs ? Comment accepter la venue d’un mineur ? Quand on est prisonnier de son chagrin, peut-on encore aider son prochain ?

 

La perte d’un être cher est le lien entre ces principaux personnages torturés qui sont dévorés par la culpabilité, chacun porte sa croix comme un fardeau. La vie au sein de cette habitation renferme bien des surprises et des non-dits.

 

Huguette Conilh maîtrise majestueusement la psychologie des protagonistes de son histoire. De plus, elle réussit à nous transporter entièrement dans cet univers noir, en communiquant des messages bouleversants et émouvants sur les relations familiales, l’homosexualité, l’amour, le handicap, la cohabitation, les différences qui éloignent ou rapprochent… sans nous laisser le temps de souffler !

 

Cette lecture m’a très agréablement émerveillée, car même si je m’attendais à un livre sombre, j’ai pris une sacrée belle claque par le rythme endiablé de révélations en révélations, le parcours tourmenté de chacun.

J’ai souri et ri avec certains, j’ai pleuré à d’autres moments, je me suis attachée absolument à tous les personnages, pourtant quelques-uns me répugnaient dès le départ.

Mon cœur s’étant emballé de la première à la dernière page, c’est un coup de cœur inévitable pour moi.

 

Quand les secrets les plus inavouables vous rongent de l’intérieur ! Place aux Ignobles, vous n’en sortirez pas indemne !

 

C’est le troisième magnifique roman et auteur français que je découvre dans cette jeune maison d’éditions numériques, L’Ivre-Book, j’espère sincèrement qu’il y en aura plein d’autres, car je constate que leur catalogue présente plusieurs genres et styles, sélectionnés et corrigés avec soin.

Il y a des nouvelles et extraits gratuits en téléchargement, donc n’hésitez pas à vous faire votre propre opinion.

De mon côté, je vais en profiter pour lire « Cas mille » d’Huguette Conilh, une addiction à sa plume !"

Critique II
par Laure Toussaint sur son site
 

"C'est une histoire d'amour, d'amitié, de fraternité, c'est un message d'espoir qui prône la tolérance. "

 

"Les ignobles n'ont rien d'ignobles au sens strict du terme, non ! Ici la référence est historique, immonde, car c'est la notion même de jugement qui entre en compte. Le jugement des autres sur ladite différence.

 

"Les ignobles" est donc l'histoire d'une différence et de son acceptation. C'est l'histoire d'un jeune homme qui, parce que se sentant exclu de par sa différence, sa tare !, se vit contraint de quitter son cercle familial pour ne jamais y retourner, et ce afin de vivre pleinement ce qu'il est. C'est un grand frère qui, pour protéger son cadet avec qui il avait une relation forte, part loin de ce dernier alors qu'il était tout jeune. Ce départ précipité sera t-il compris ?

 

Les années passent, Camille s'est accepté, il vit, est heureux, sa relation avec son compagnon est forte... bien que discrète, et un drame fauche son petit frère qu'il n'a plus vu depuis... son départ, sa fuite éperdue.

 

Du jour au lendemain, devoir prendre en charge un ado mal dans sa peau, intolérant, en perpétuelle révolte et de nouveau se faire accepter avec sa différence aux yeux de ce petit frère retrouvé, ne se fera pas sans mal, sans heurt et sans discorde. Camille est pourtant prêt à tout pour comprendre cet enfant qui n'en est plus un. Car ce petit frère cache lui aussi un secret qui le ronge et qui le rend amer.

 

"Les ignobles" c'est une histoire d'amour, d'amitié, de fraternité, c'est un message d'espoir qui prône la tolérance. C'est l'histoire de vies déchirées qui grâce au temps et à l'affection, le discours et l'écoute, se verront recoller les morceaux d'un passé destructeur qui n'aurait jamais dû exister !

 

Mais "Les ignobles", c'est également une écriture toute en finesse et en douceur. C'est de l'émotion pure à travers des mots justes, des phrases dures qui ne sont que vérité. C'est un savant mélange de pudeur et de cruauté. C'est la vie !

 

"Les ignobles" m'a bouleversée, émue, choquée, surprise, mise en colère parfois, mais qu'est-ce que ce roman m'a transportée ! "

Critique III
par Sébastien Tissandier sur son site
 

"Les ignobles" est un de ces romans profonds, qui aspire votre âme et vous fait vivre l'histoire dans la peau de ses personnages. "

 

"C'est un roman qui engendre une frénésie de lecture, tant on s'attache à ces protagonistes et tant on veut connaître le dénouement.

Mais "Les ignobles" n'est pas un simple roman bien écrit avec une histoire qui nous transcende. Il est bien plus que cela. C'est un message. Un message de tolérance, de compassion et de liberté.

 

La nouvelle "Cas mille", d'Huguette Conilh, également publiée en numérique aux éditions l'Ivre-book (gratuitement) n'était que le prologue des "Ignobles". Cette nouvelle, que j'ai également chroniquée, était incroyablement écrite, tant par son style fluide, que par l'intensité de ce court épisode de vie. Mais ce n'est que lorsqu'on a lu le roman que la nouvelle trouve tout son sens. Elle pourrait être aussi bien l'extension du roman qu'elle n'en est le prologue ! Beaucoup de faits révélés dans le roman permettent de comprendre la nouvelle et tout le travail sophistiqué d'écriture de l'auteure nous apparaît alors. Chapeau bas, Mme Conilh !

 

Mais revenons à ce roman. Dans le premier chapitre, Norbert, un type apathique, ronchon et peu aimable, vient de perdre sa femme. Dans le second, nous retrouvons Camille (le jeune homme mit en scène dans la nouvelle "Cas mille"), à l'enterrement de ses parents, morts dans un incendie. Il devient le tuteur de son petit frère Mathis, celui-là même qu'il avait abandonné, à contre-cœur, quelques années auparavant (voir "Cas mille") pour échapper aux préjugés et à l'intolérance de sa propre famille, face à son homosexualité. Seul Mathis n'était pas au courant de l'orientation sexuelle du grand frère qu'il vénérait tant, avant qu'il ne fuie, sans lui fournir de réelles explications.

 

Voilà donc Camille, tuteur de son frère, le ramenant chez lui. Comment Aaron, le colocataire de Camille, très maniaque, va-t-il réagir face à ce nouvel arrivant qui va perturber l'équilibre fragile de sa vie ? Cet ado rebelle, mal dans sa peau, ne trouvant plus sa place dans la société, va-t-il parvenir à s'intégrer dans la vie routinière de son frère ? Comment un adolescent en pleine puberté et construction de son identité réagira-t-il en apprenant l'homosexualité de son frère ? Comment le propriétaire des deux colocataires, un certain Norbert, verra l'intrusion de cet adolescent dans son univers glauque ? Camille parviendra-t-il à trouver un équilibre entre sa vie actuelle et les fantômes de son passé qui le hantent suite à l'arrivée de Mathis ?

 

Ce sont des personnages torturés que nous présente Huguette Conilh, une fiction contemporaine, basée sur une histoire vraie, ce qui en décuple toute l'intensité. Des protagonistes qu'apparemment tout oppose, mais que la douleur de leurs passés va rapprocher.

Je ne raconterai pas davantage l'histoire, car il faut la lire pour la vivre et la comprendre. Néanmoins, j'ai été sidéré par l'évolution des personnages. Le tableau de départ est déjà noir : un jeune homme rejeté par la société à cause de son orientation sexuelle ; un garçon qui vient de perdre ses parents dans un incendie qui lui fait faire des cauchemars toutes les nuits ; un colocataire au passé torturé ; un vieux monsieur en fauteuil roulant sans aucune raison de vivre...

J'ai été fasciné de voir avec quelle habileté Huguette Conilh parvient à enfoncer encore ses personnages aux situations déjà complexes, au point qu'à un certain moment du roman je me suis demandé s'il allait y avoir un happy end ! Tous ces personnages semblent prendre des directions diamétralement opposées, ne parvenant ni à se comprendre, ni à renoncer au fragile équilibre illusoire de leurs vies pour aider l'autre. Mais le jeune Mathis pourrait bien être la clé de la réconciliation de mondes inaccordables au premier abord !

 

Vous l'aurez compris : la psychologie de ces personnages est extrêmement bien travaillée, les rendant plus vivants que vivants, plus attachants que s'ils étaient réels. Ajoutez à cela des rebondissements auxquels le lecteur ne s'attend pas (ce qui est assez rare dans un livre pour être souligné ici) : vous obtenez un excellent roman qui tient en haleine et qui fera ressortir toute la panoplie des émotions humaines.

J'ai tremblé avec Camille ; j'ai frissonné d'effroi avec Aaron ; j'ai ressenti du dégoût, puis de la compassion pour Norbert ; enfin j'ai pleuré avec Mathis. Voilà pourquoi "Les ignobles" est un de ces romans dont on ne ressort pas indemme, un livre qui nous transforme car il nous fait voir les choses autrement lorsqu'on a tourné la dernière page, un texte puissant, jouant avec nos émotions, qui balaye tous les préjugés de notre société pour nous rendre notre humanité !

Je n'ai pas honte de dire que j'ai eu peur pour ces personnages, que j'ai pleuré avec Mathis, que j'ai ri devant les réactions de Camille : je pense que les grands romans qui nous laissent empreints de leur lecture et qui peuvent changer nos vies sont ceux qui nous ont fait vibrer.

 

"Les ignobles" est sans conteste mon coup de cœur de ce début 2015. Un roman qui prend aux tripes, qui traite d'un sujet contemporain avec subtilité, mais sans langue de bois. Avec ce roman basé sur une histoire vraie, Huguette Conilh parvient admirablement à faire passer son message de tolérance et de liberté."

 

Critique IV
par Karine sur son blog
 

"Ce récit m'a tourmenté, retourné la tête à l'envers, d'ailleurs j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer après cette histoire. Pour découvrir et vivre un moment enrichissant, Les Ignobles est fait pour vous."

 

 

"Ce livre est une merveille, une belle leçon de vie!

 

Norbert est un homme dont la femme se suicide suite à l'abandon affectif de celui-ci. Il devient paraplégique après un cambriolage qui survient chez lui le soir de l'enterrement de sa femme.

 

Camille : jeune homosexuel qui fuit sa vie, sa famile pour se reconstruire et laisse derrière lui son petit frère Mathis, non sans culpabilité.

 

Mathis adolescent tourmenté, retrouve son frère suite à la mort de leurs parents dans l'incendie de leur maison dont il a réchapé.

 

Aaron : colocataire et amant de Camille essaie de se reconstruire malgré les tourments qui l'accable depuis son plus jeune âge.

Et pourtant, il sera pour les 2 frères d'un soutien indéfectible.

 

Tous les personnages de ce livre sont des écorchés vifs, leur vie respective est un combat de tous les jours.

Norbert essaie de vivre avec la culpabilité d'avoir abandonné sa femme et les conséquences de son acte.

Malgré son caractère taciturne, il va découvrir qu'il peut tolérer d'autres individus qui vont lui apporter plus qu'il ne peut l'imaginer.

 

Les retrouvailles entre les deux frères sont difficiles car il faut combler 5 ans de séparation. Mathis est celui qui a le plus de mal à s'adapter, l'auteur nous montre la carapace que se forge aujourd'hui un ado pour survivre dans ce monde de préjugés.

L'homophobie y est très bien abordée. Mais pas seulement, le rejet de l'autre que se soit pour une différence de statut social, d'un handicap ou d'âge sont présent également.

 

Cette mise en avant de l'adolescence telle qu'on la connaît au quotidien, leur mal être, leurs incertitudes, le rejet de l'autorité, l'acceptation de soit qui engendre l'acceptation des autres malgré les préjugés ou leurs différences.

 

Mais le point crucial de se livre est la Tolérence / Intolérence de chacun envers certaines situations, actes , ou personnes.

Je dirais que Huguette CONILH est un auteur de grand talent, son écriture est fluide, riche en émotions, pas un mot de trop qui nous fait regretter notre choix de lecture.

 

Ce récit m'a tourmenté, retourné la tête à l'envers, d'ailleurs j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer après cette histoire.

Pour découvrir et vivre un moment enrichissant, Les Ignobles est fait pour vous. "

Critique V
par Vanou sur son blog
 

"J'ai vécu un moment de lecture intense"

 

"Je vais commencer cette chronique en vous parlant brièvement de « Cas mille », la préquelle en téléchargement gratuit que l’auteure a écrit, comme une sorte d’avant-gout au roman « Les ignobles ». Je remercie Huguette Conilh pour sa confiance, car c’est un peu avant tout le monde que j’ai eu la chance de découvrir cette nouvelle et de retrouver sa plume que j’avais découverte dans « Apocalypse snow » (nouvelle parue aux éditions Lune Ecarlate).
                « Cas mille » relate dans les grandes lignes, les raisons pour laquelle Camille, l’un des héros du roman « Les ignobles »,  a été amené à quitté sa famille et notamment son petit frère Mathis. On y rencontre donc un adolescent sujet à des questionnements quant à son orientation sexuelle, et la découverte progressive de son identité grâce à sa rencontre avec Marc. Déjà, à la lecture de cette nouvelle, on sent qu’Huguette Conilh aborde une question de société sous un angle très contemporain, dramatique même. Nous sommes loin de la romance adolescente et davantage dans le thème de la différence et de l’incompréhension qu’elle peut générer. L’auteur pose ainsi les jalons de ce que sera son roman et c’est donc avec beaucoup d’impatience que je me suis plongée dans « Les ignobles » en partenariat avec l'auteure.

                Quelle plongée ! Une fois encore je vais mettre en avant la plume d’Huguette Conilh comme l’une des meilleures que j’ai découverte grâce à mon  blog et mes différents partenariats. L’auteure parvient à non pas décrire mais nous faire ressentir par ses mots, toute l’importance de ce qu’elle veut nous transmettre. C’est simple mais d’une grande finesse. Les phrases s’enchaînent et Huguette Conilh est parvenue à saisir les tourments d’un adolescent, Mathis, face aux drames qui se succèdent dans sa vie. C’est également avec habilité qu’elle nous dépeint les inquiétudes de Camille devant les comportements à risque de Mathis.
                Chaque personnage est à lui-même le protagoniste principal. Même si on peut avoir l’impression de suivre Mathis et Camille en priorité, il n’en est rien. Huguette Conilh a donné aux personnages dits « secondaires » une consistance telle qu’ils en deviennent des éléments centraux. Il y a Aaron et bien sûr Norbert et finalement cette bande de quatre hommes forme une équipe atypique, plusieurs duos se mettent en place et les relations des uns et de autres évoluent, passant de la fusion au rejet, de l’amitié à la haine… L’histoire de nos vies quoi !
                Dans ce roman, l’auteure nous emmène sur le terrain sensible qu’est celui de l’homosexualité. Elle balaie les réactions des uns et des autres face à la découverte par Mathis des choix amoureux de son frère. En effet, Camille est en couple avec Aaron et non, ne vous inquiétez pas je ne viens pas spoiler quoique ce soit, car là n’est pas la substance même de l’histoire que nous raconte Huguette Conilh. Ici, il n’est point question d’assumer ou non son homosexualité ou des questions existentielles qu’elles peuvent susciter chez la personne concernée, mais plutôt de la manière dont l’entourage proche réagit à cet état de fait. Car là est la force de ce roman pour moi. L’homosexualité n’y est pas traitée en tant que telle, c’est davantage l’accueil que lui réserve la société qui est abordé.
                Comment un jeune adolescent de treize ans, traumatisé par la mort de ses parents peut-il comprendre cela ? Mathis va-t-il parvenir à dépasser ses propres préjugés (déjà forts à cet âge) et à vivre sereinement avec Aaron et Camille ? Comment un homme ayant lui-même subit de terribles souffrances peut-il être si peu enclin à la tolérance ? L’ambivalence est prégnante chez Norbert, à la fois bienveillant et soucieux de Mathis, et à la fois emplit de haine pour ce qu’il ne comprend pas…
                Au fil des pages, Huguette Conilh nous donne à lire ce que peut-être tant de personnes vivent au jour le jour. Des drames familiaux, des adolescences tourmentées, des différences à expliquer sans en saisir nous-mêmes le sens. L’homosexualité s’explique-t-elle ? Certains y trouveront des raisons organiques, démoniaques même (La grand-mère maternelle de Mathis et Camille est d’une méchanceté sans nom…), quand il ne faut y voir à mon humble avis qu’un aspect supplémentaire de la variété de l’espèce humaine.

                Pour conclure et ne pas en dire trop sur la trame de l’histoire, je dirai que j’ai vécu un moment de lecture intense non pas parce que « Les ignobles » est roman d’action, mais parce qu’il m’a touché profondément jusqu’à m’émouvoir aux larmes tant l’auteur parvient à toucher l’âme des gens, à les faire s’interroger. Je tournais les pages de ma liseuse à grande vitesse pour en savoir plus, pour découvrir ce qu’Huguette Conilh avait décidé d’offrir comme destin à chacun de ses personnages…. Et là, je n’ai pas compris, j’ai tourné une page et c’était la fin. Je suis revenue en arrière, avais-je loupé quelque chose ? Non, rien. Le point final était posé et j’ai mis quelques minutes à m’en remettre. Pourquoi ici ? Pourquoi à ce moment ? Pourquoi après une telle révélation ? J’en voulais plus ! Et pourtant, rapidement, je me suis souvenue du début, et la tension s’est apaisée, faisant place à la compréhension. L’auteure a décidé de mettre un point final là où le lecteur aurait sans doute apprécié d’en savoir plus, mais voici l’interprétation que j’ai de cette fin. Elle m’est totalement personnelle et n’engage donc que moi
                Selon moi, les évènements qui traversent nos vies font plus ou moins de dégâts.  On en ressort plus ou moins forts, mais changé à tout jamais. Ici, Huguette Conilh a décidé de stopper son récit juste après une révélation qui sur le moment m’a semblé capitale pour la suite. Puis, je me suis aperçue qu’elle ne l’était pas tant que ça… Peu importe finalement quelle sera la réaction de Camille face à cette bombe, on sait d’ores et déjà vu qu’on en est arrivé là, que l’amour qui lie ces deux frères est inconditionnel, que rien ni personne ne pourra changer cela. A quoi bon écrire des pages supplémentaires pour dire ce que l’on sait ? Et puis j’aime ce type de fin, chaque roman que j’ai lu et dont l’auteur me surprenait ainsi a été un coup de cœur. Le lecteur décide un peu de sa fin, de ce qu’il veut voir arriver et l’auteur par ce procédé gagne toute mon affection car il me laisse l’opportunité de poursuivre l’histoire dans ma tête ou justement de laisser les choses en suspend comme elles le sont souvent dans la réalité. Sait-on toujours ce qui nous attend ?
                Petite mention pour la couverture réalisée par Vael Cat qui reflètent à merveille l’ambiance du roman."

Critique VI
par Chloé sur son blog
 

"Une dualité présente tout au long du roman et qui permet de développer une réflexion sur soi-même, guidant le lecteur vers une remise en question."

 

"Après un service de presse concernant sa nouvelle Cas mille, l’auteur m’a de nouveau proposé un partenariat pour ce roman dont la nouvelle était le préambule. Je la remercie chaleureusement pour cette confiance et pour l’agréable moment de lecture.

Suite à l’intolérance de ses parents concernant son orientation sexuelle, Camille quitte sa région natale, abandonnant également son jeune frère Mathis. Il lui promet cependant de garder contact, parole qu’il ne tient pas, préférant recommencer sa vie sur une page blanche et pensant ainsi protéger l’enfant. Cinq ans plus tard, un incendie ravage la maison familiale et Camille recueille Mathis, ce dernier ne voulant pas se rendre chez ses grands-parents maternels, les Tournerie. Cependant, le jeune homme ne vit pas seul, partageant son foyer avec Aaron Letellier, et l’intrusion de l’adolescent va briser l’équilibre instauré dans ce petit cocon.

Le roman s’ouvre sur une définition du mot « ignoble ». Ainsi, le lecteur peut apprendre, ou se faire confirmer, qu’à l’origine, ce mot désignait les non-nobles, ceux ayant une naissance obscure. L’évolution de la langue fait qu’aujourd’hui, ce terme est utilisé pour désigner quelqu’un ou quelque chose de vil, mais également ce qui rebute par sa saleté et sa laideur, l’exagération pouvant mener à emprunter le sens de détestable. Par d’habiles procédés, l’auteur parvient à exploiter toutes les occurrences de ce mot, jusqu’à instaurer une double interprétation afin de servir son propos sur l’intolérance que subissent les personnes concernées par l’homosexualité.

L’histoire comprend plusieurs personnages aux différentes facettes. Tout d’abord, Camille, héros de la nouvelle. À présent aide-soignant dans un service s’occupant des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, le jeune homme vit en colocation avec Aaron Letellier, un infirmier aux nombreuses manies. Le duo loge au premier étage d’une maison dont Norbert Loisot, un veuf paraplégique, est le propriétaire. À cela s’ajoute Mathis, le frère cadet de Camille qui s’installe chez ce dernier, suite au décès de leurs parents. Bien que la narration bascule aisément d’un protagoniste à l’autre, l’intrigue tourne essentiellement autour de Mathis, qui devient le réceptacle de toutes les interrogations et réflexions que pose le roman.
En effet, l’adolescent est un esprit perturbé par la mort de ses parents, mais également la culpabilité de n’avoir pu les sauver. De plus, compte tenu de son âge, Mathis est en pleine période de remise en question de l’autorité, préférant user d’insolence lorsqu’il ne se mure pas dans le silence. Privé de son frère pendant cinq longues années, un gouffre s’est forgé entre eux, chacun souhaitant rétablir la relation qu’ils avaient auparavant sans savoir comment y parvenir. C’est dans cette optique que Mathis entreprend l’idée égoïste de faire quitter Aaron du logement, voyant en lui un intrus l’empêchant de renouer avec Camille. Ses espoirs s’effondrent lorsqu’il apprend qu’en réalité, les deux hommes sont en couple.

Cette découverte n’est pas une surprise, mais Les Ignobles n’a pas été écrit pour faire une révélation grandiloquente. L’objectif du récit est d’évoquer les réactions, ce que Huguette Conilh réussit une fois de plus. Le premier geste de l’adolescent est le rejet. Alignant des mots blessants comme « pédé », « pédale » ou même l’idée que ce soit « contre-nature », nous baignons donc bien dans l’homophobie. Dans son raisonnement égocentrique, Mathis demande même à son frère pourquoi il n’a pas fait semblant et ainsi rester près de lui. Une attitude offensante puisque cela impliquerait à Camille de renier ce qu’il est pour plaire aux autres, chose qu’il est déjà en partie obligé de faire avec Aaron pour que rien n’entrave leur amour. L’adage « Pour vivre heureux, vivons cachés » étant malheureusement la devise de nombreux homosexuels. Cependant, l’adolescent n’est pas le seul personnage ayant une vision peu reluisante de cette orientation.
Très tôt dans le livre, nous constatons qu’Aaron se rend régulièrement sur un forum nommé « Les Ignobles », avec pour intitulé « Ignobilis, les misérables sans noblesse, faut-il les pendre à la croisée des chemins comme autrefois brigands et voleurs ? ». Sur cette plate-forme, l’infirmier débat de façon virulente avec un certain L5, un membre abhorrant les homosexuels. Une fois de plus, la découverte de son identité est peu surprenante, mais ce sont ses conséquences qui retiennent l’attention du lecteur.
Norbert Loisot est un ancien menuisier, devenu paraplégique suite à une agression le soir de l’enterrement de sa femme. Cette dernière s’étant suicidée, et le veuf étant rongé par la culpabilité, on est tenté de penser que le propriétaire est plus enclin à l’ouverture d’esprit. Par ailleurs, l’auteur joue avec nous en faisant miroiter cette idée jusqu’au dernier moment. Ne désirant pas aborder le sujet avec son frère, Mathis demande alors à Norbert ce qu’il pense des « pédés », ce à quoi l’homme répond qu’il ne faut pas utiliser ce terme, mais plutôt dire « homosexuels ». Malheureusement, nos espoirs se brisent lorsque l’on apprend pourquoi le menuisier effectue cette correction. Empreint d’homophobie, il s’emporte en répondant à l’adolescent, déclarant être dégoûté à l’idée d’avoir été manipulé par Aaron, lui supposant des pensées perverses.
Ainsi, nous touchons à l’essentiel des réactions que rencontrent trop souvent les homosexuels. Outre les insultes, les deux arguments utilisés dans le roman, et qui sont récurrents dans la réalité, sont pourtant aisément réfutables. Par ailleurs, Mathis, ayant tenu un discours homophobe, énonce une façon contrecarrer le premier, à savoir que ce serait « contre-nature ». L’adolescent réplique que la femme de Norbert était différente également, sous-entendant que ne trouvant pas de soutien et d’acceptation pour ce qu’elle était, le suicide fut sa solution. En ce qui concerne le deuxième argument, bien que Mathis ne contre pas directement cette idée, sa réponse se trouve teintée de colère. L’affirmation du veuf est d’autant plus ridicule qu’aucune personne hétérosexuelle ne songe à une possible dérive perverse en ayant recours à une personne médicale du sexe opposé. Outre l’homophobie, cette déclaration laisse entendre qu’une personne homosexuelle ne serait pas capable de conserver un point de vue purement professionnel contrairement à une personne hétérosexuelle, ce qui ajoute une autre forme de discrimination.

Mathis est sans aucun doute le reflet de notre société. L’adolescent est empli de préjugés, en témoigne sa réaction lorsqu’il apprend la sexualité de son frère, et pourtant, il est celui qui à force d’interrogations et de réflexions finira par inverser sa pensée. Considérant Aaron comme son ennemi, le garçon atténue son jugement au fur et à mesure qu’il connaît l’infirmier, en particulier après avoir eu connaissance de son terrible passé. De ce fait, on assiste à une véritable lutte intérieure entre ce qu’il prenait pour acquis, et ce qu’il découvre. C’est ce qui le pousse à interroger Norbert, cherchant l’avis d’une personne mûre qu’il a en affection, même si le résultat s’avère décevant.
Cependant, Mathis est également un personnage assez stéréotypé. Il est connu que l’adolescence est une période désignée comme « l’âge ingrat », mais Mathis semble en cumuler tous les défauts et clichés. Coiffé d’une longue franche emo empêchant quiconque de voir ses yeux, écoutant du métal à un volume indécent lorsqu’il ne s’isole pas avec ses écouteurs, n’hésitant pas à devenir insolent, évitant toute conversation, faisant preuve d’égoïsme, il ne manquait plus que la consommation de substances illicites pour compléter le tableau, mais cet élément est remplacé par la fréquentation de Kylian l’entraînant à voler. Il est difficile de supporter le personnage au caractère insupportable sans lever les yeux au ciel. Pourtant, Huguette Conilh réalise un coup de maître grâce à lui.
En effet, la révélation finale s’avère, quant à elle, totalement inattendue et met en lumière le comportement de Mathis. Avec cette fin, c’est un véritable miroir que nous offre l’auteur : le lecteur ayant jugé trop promptement le garçon est devenu sans-noblesse de cœur alors qu’il prenait soin à dénoncer cette attitude au cours de sa lecture. Comme Mathis auparavant, nous n’avions pas tous les éléments pour établir un jugement. Bien entendu, ce secret ne permet pas d’effacer le comportement parfois cruel et irresponsable de l’adolescent, mais il nous le fait comprendre un peu mieux et l’on se sent coupable d’avoir jugé ce personnage, pensant qu’il ne s’agissait que d’un énième adolescent en pleine crise.
Pourtant, la dualité de cette appellation « ignoble » était mise en évidence à plusieurs reprises. Pour illustrer, le forum éponyme nous est présenté la première fois comme traitant de l’intolérance de manière générale. Cependant, il nous est indiqué la seconde fois que le créateur du site possède un humour plutôt illicite, ce qui insinue le doute concernant l’intitulé : les ignobles font-ils référence aux intolérants ou aux victimes de l’intolérance ? Il en va de même pour certaines actions de personnages que nous prenons en sympathie. Par exemple, Aaron gardera rancune envers Mathis pour avoir jeté les fleurs qui honorait la mémoire de sa mère, chose que l’adolescent ne pouvait en aucun cas deviner. À cet instant, l’infirmier ne cherche pas à se placer du point de vue du garçon, basculant ainsi vers le refus de la compréhension qu’il cherche à combattre.
Ainsi, personne n’est à l’abri de faire partie des ignobles, que l’on soit un intolérant qui devient proie d’une mise à l’écart par ses semblables, ou une victime devenant à son tour intolérante. Il ne tient donc qu’à nous de rendre notre société meilleure en commençant par faire preuve de respect et de tolérance envers son prochain, car la différence n’est pas synonyme d’anormalité, et la compréhension est la clef contre la marginalisation.

Concernant le style d’écriture, Huguette Conilh nous propose un texte très agréable à lire. Les phrases s’enchaînent avec fluidité, sans pour autant nous priver d’une belle syntaxe. Le choix du présent est d’autant plus judicieux que les problèmes évoqués dans le récit sont toujours d’actualité, le temps renforçant donc l’idée que cette histoire pourrait arriver à n’importe qui. L’auteur parvient à nous faire ressentir le drame qui se joue, sans pour autant tomber dans l’excès de pathos. Les propos sont appropriés et nous mènent à une réflexion propice à la tolérance, guidée par cette jolie plume.
Petit bémol cependant, on peut noter quelques répétitions, comme par exemple l’annonce du déménagement d’un personnage dans le Sud-Ouest qui est de nouveau évoqué une ou deux pages plus loin. De même, il est difficile de suivre le raisonnement qui amène Norbert à comprendre que sous le pseudo de Rainbow se cache son locataire. Il est possible que certaines informations divulguées sur le forum le conduisent à cette conclusion, mais d’un point de vue extérieur, le rapprochement s’avère assez bancal.

Enfin, il est à noter que la couverture illustre très justement l’essence du roman. Le décor s’avère être le même que la couverture de Cas mille, une prairie avec une maison au arrière-plan, le tout sous un ciel orageux duquel émerge un soupçon de lumière. Pour la nouvelle s’ajoutait la silhouette d’un adulte tenant un enfant par la main. La maison étant dans l’ombre, on pouvait sentir le poids pesant sur ce bâtiment, comme si les deux personnages fuyaient cette atmosphère pour se tenir dans la lumière. On pouvait donc y voir une lueur d’espoir dans la relation entre Camille et Mathis, le frère cadet étant le seul qui ne jugeait pas le héros pour ses choix.
Les Ignobles reprend donc ce décor en procédant à quelques changements. La maison en flammes dépeind le terrible accident tandis que l’arbre évoque sans aucun doute l’arbre de Judée, présent dans le jardin de la maison appartenant à Norbert, et témoin de nombreux événements. Quant à la silhouette pendue, elle fait bien entendu écho à l’intitulé du forum, mais on peut également y voir la personnification de la culpabilité qui ronge certains personnages. Une interprétation qui se confirme si l’on prend en compte que c’est à un arbre de Judée que se serait pendu Judas après avoir trahi Jésus. Pourtant, cette scène se plaçant sous le rayon de lumière, une notion d’espoir et de rédemption est installée.

Finalement, Les Ignobles concrétise ce qui était déjà amorcé dans la nouvelle Cas mille, à savoir un appel à la tolérance. Huguette Conilh signe ici un roman jouant sur le mot du titre. Tout lecteur ayant connaissance du thème serait tenté de penser que ces « ignobles » font référence à ceux déversant leur fiel intolérant, mais au fil de la lecture, une autre version se dessine et s’avère plus percutante puisque ce mot peut indiquer ce que représente la différence pour de nombreuses personnes. Une dualité présente tout au long du roman et qui permet de développer une réflexion sur soi-même, guidant le lecteur vers une remise en question."

Critique VII
par Méla sur son blog
 

"C'est une histoire prenante, belle, bien écrite. Les sentiments sont abordés de façons à ce que vous les ressentiez, vous souffrez avec les personnages, vous vous mettez à leur place."

 

"Tout d'abord je souhaite remercier très sincèrement Huguette Conilh pour ce service presse.

 

Ce roman est une très belle histoire qui raconte la vie de Camille, de son amant Aaron, de son frère Mathis et de son propriétaire Norbert. Des difficultés rencontrées dans la nouvelle vie qui s'est imposée à Camille.

 

Camille, jeune aide-soignant, a quitté le foyer parental cinq ans auparavant (lisez la nouvelle "Cas-Mille" pour comprendre), sans donner aucune nouvelle depuis, même pas à son jeune frère Mathis. Suite au drame qu'est la mort de leurs parents, Camille recueille son frère. Il vient donc s'installer avec lui et Aaron son compagnon depuis trois ans. Ainsi la vie suit son court, semée de difficultés, de questions, de peur, de doutes, de courage, de combat, d’organisation.

 

Chaque protagoniste de ce roman a sa propre histoire, son propre malheur, son propre fardeau. Vous verrez que chacun essai de composer avec.

 

Camille et Aaron forme un beau couple, solide, malgré les douleurs auxquelles ils ont dû faire face. Ils ont bataillés férocement pour arriver à connaitre un sentiment de plénitude dans leur relation, un certain équilibre, malgré qu'ils la vivent cachée, de peur des représailles, des insultes des gens face à leur homosexualité. Camille se sent coupable d'avoir abandonné son frère, et de ne pas avoir revu ses parents, surtout sa mère, avant leur mort. Aaron est un jeune homme qui a eu une jeunesse très difficile, dure, traumatisante, et doit son salut seulement à sa sœur, dont il reste très proche. L'arrivée de Mathis vient tout bouleverser, ils puiseront encore dans la force de leur amour et leur courage pour s'en sortir indemne, même si cela n'est pas évident.

 

Norbert est un personnage taciturne, handicapé, vous comprendrez dans votre lecture pourquoi, et pas très bavard. Il porte en lui un terrible sentiment de culpabilité suite au suicide de sa femme. Il vit du coup un peu en reclus de part sa condition physique. Lorsqu'il apprend l'homosexualité de Camille et Aaron, ses locataires, sa réaction ne se fait pas attendre. Par contre, sa rencontre avec Mathis va le bouleverser et le changer bien plus qu'il ne l'aurait pensé.

 

Mathis, lui, jeune ado de 13 ans, ne voit que par son frère, ce frère qui ne l'a pas contacté une seule fois en cinq ans, une sorte d'abandon pour lui. Il est jaloux de sa relation avec Aaron, et quand il apprend qu'ils sont un couple, c'est le pompon. Mais il accepte. Mathis cache beaucoup de secrets, il est triste, révolté, renfermé. Il n'ose pas avouer à son frère ce qu'il pense vraiment, de ses doutes, de ses remords, de sa douleur, de peur que celui-ci l'abandonne à nouveau. Mathis n'est pas vraiment un ange. En Norbert, pourtant, il arrivera à trouver un confident, enfin, pour ce qu'il souhaite lui dévoiler, car il ne lui raconte pas toutes ses pensées, surtout les plus obscures et celles qui le rongent et le torturent le plus. Et quelle révélation il nous fait à la fin !

 

Voilà, vous mélangez tous ces personnages et vous obtiendrez une histoire superbe, faite de remords, de non-dits, de douleurs, de drames, de tristesse, d'espoir, et d'amour.

 

Mathis est le ciment de cette histoire, celui qui va tout bouleverser, tout renverser. C'est l'histoire d'une tranche de vie difficile, réaliste, qui vous perturbe, vous fait réfléchir, vous indigne face aux réactions de certaines personnes. Une histoire douloureuse, mais pleine d'espoir, et d'un avenir plus lumineux.

 

La fin est abrupte et cela m'a perturbée, dérangée. Car s'il y a une suite, ou une nouvelle, se sera le paradis pour moi, et si c'est la fin, je hurle. J'aime avoir une fin écrite noire sur blanc, car sinon, je pars dans tous les sens.

 

Au final je dirai que c'est une histoire prenante, belle, bien écrite. Les sentiments sont abordés de façons à ce que vous les ressentiez, vous souffrez avec les personnages, vous vous mettez à leur place. Des personnages que j'ai beaucoup apprécié, surtout Camille et Aaron.

Il faut lire l'histoire, il y a beaucoup de choses qui se passe, beaucoup de révélations, mais aussi de non-dits, de pudeur, d'amour et de souffrance, des choses qui s’emboîtent les unes aux autres. J'ai passé un excellent moment.

 

Merci Huguette pour ce beau récit."

Critique VIII
par Malka
 

"Huguette Conilh est une auteur éclectique, qui n’en n’est pas à son premier roman. Entre romance, policier et même une nouvelle fantastique, elle aborde dans Cas Mille (la nouvelle) et les Ignobles (le roman) des sujets qui lui sont chers, tel que la différence et la tolérance.

La nouvelle « Cas Mille » constitue une bonne introduction au roman. On y découvre deux frères : Camille, l’aîné et Mathis, encore enfant.
Le premier a décidé de partir, pour éviter que sa famille n’éclate en se trouvant confrontée à son lourd secret : son homosexualité.
Il dévoile dans cette nouvelle ses premiers émois, son premier amour, sa différence, qu’il assume, mais qu’il ne souhaite pas imposer, face à une famille intolérante et hostile. Il fait le choix d’être lui-même, malgré le sacrifice de la séparation. On découvre donc un personnage fort et sensible. La complicité qui le lie à son petit frère, évoquée dans la nouvelle, influe énormément sur l’intrigue du roman.

Dans le roman, suite à la mort de leurs parents, Camille décide d’accueillir Mathis chez lui. Le cadet bien que traumatisé par l’incendie qui a coûté la vie à ses parents, se réjouit de retrouver son frère. Pourtant tout n’est pas si simple entre les deux frères et la communication plus compliquée que prévu.

Le roman se fixe sur quatre personnages que l’on suit avec plaisir : Camille et son frère Mathis, Aaron, le colocataire et Norbert le propriétaire et voisin.
La plume d’Huguette Conilh est fluide, vive et efficace, son approche des personnages approfondie. Elle insiste avec délicatesse, justesse et pudeur sur leurs petits secrets, ne les épargne pas et les pousse dans leurs retranchements. Ils se révèlent très humains, à travers les diverses facettes de leur personnalité, même les moins avouables. En effet, l’auteure n’hésite pas à nous montrer leur mauvaise fois, leur immaturité, mais contrebalance avec une certaine tendresse pour ses personnages, car leurs qualités ne manquent pas. On s’attache à eux et on voudrait les voir s’en sortir, tant ils font face avec courage aux situations difficiles. Ils affrontent ces épreuves, évoluent au cours du roman, deviennent plus adultes ou plus sages, apprennent à se comprendre, à communiquer et à devenir plus tolérants.

Si le roman suit ces quatre personnages, dont on retrouve les points de vue successifs dans la narration, il se centre tout de même autour de Mathis, le plus jeune de tous.
Mathis s’avère être un gamin paumé, en souffrance, réclamant l’attention de son frère, qui l’a laissé en plan alors qu’il lui avait promis de revenir le voir après son départ. Mathis réagit également très mal à l’homosexualité de celui qu’il a idolâtré pendant tant de temps. Il enchaîne les caprices, et les actes inconsidérés, comme pour lancer un signal d’alarme.
Camille éprouve bien du mal à éduquer ce garçon difficile et arrogant et à concilier son arrivée avec sa vie quotidienne et amoureuse. Il n’est pas prêt pour autant à sacrifier son couple.
Les relations entre Mathis et Aaron démarrent mal et restent toujours compliquées : ce sont deux êtres en souffrance bien trop semblables et qui se disputent, en quelque sorte, l’amour et l’attention de Camille.
Mathis trouve souvent refuge chez Norbert, le propriétaire handicapé avec qui il peut discuter et se confier.

Le roman est une belle leçon de vie et de tolérance. Huguette Conilh évoque aussi des sujets sensibles, autres que l’homosexualité: les relations familiales compliquées, le handicap, le suicide, la difficulté de Mathis de s’adapter dans son lycée et de trouver des amis. Tous font partie d’une réalité, que nous connaissons de près ou de loin et l’auteur les aborde avec franchise et crédibilité.
Les émotions et sentiments sont très présents et fort bien décrits. Les événements s’enchaînent. On tremble pour Mathis, on a envie de le dissuader ou de l’encourager dans bien des situations, mais jamais on ne s’ennuie.

La fin prend tout de même le lecteur par surprise, car l’on s’attend à en savoir un peu plus sur les réactions de chacun, suite aux révélations que l’auteure nous fait. Huguette Conilh a, en effet, analysé les événements à travers le roman toujours dans le détail et nous lâche immédiatement après nous avoir révélé le plus lourd secret de Mathis. Certes, celui ci explique pas mal de chose, mais je suis restée, je l’avoue, sur ma faim…

En conclusion: je conseille vivement la lecture de Cas Mille (nouvelle téléchargeable gratuitement), avant de lire le roman « Les ignobles », mais si vous vous plongez dedans, vous ne pourrez que poursuivre ! La plume d’Huguette Conilh, son exploration des personnages et de leur psychologie happe le lecteur. J’ai fort apprécié ce roman, qui change de mes lectures M/M habituelles et propose une expérience différente, plus proche de la réalité. Je remercie le forum « Au cœur de l’imaginarium » et les éditions « l’Ivre-Book » pour cette belle découverte."

 

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