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Critique I
par Ninik
 

"Michel Honaker, un des auteurs phares de l'Anticipation de chez Fleuve Noir (aussi connue que la mythique collection gore), a écrit, au début des années 90, le célèbre cycle du Commandeur, que l'Ivre-book réédite à présent. Il est cependant à souligner que ce deuxième tome a été légèrement modernisé (par l'auteur lui-même ou l'éditeur, je ne saurais le dire) puisqu'il y est fait quelques références à des smartphones ou autres objets récents. Cela ne change pas grand chose à l'histoire, cependant.
Avant de rentrer dans le vif du sujet – à savoir l'excellente histoire qu'est ce tome deux, digne suite du superbe premier ouvrage – il est à noter la présence d'un certain nombre de coquilles, ce qui est regrettable. Rien de vraiment rédhibitoire (nous ne sommes pas du niveau d'un French pulp), mais il est à souligner quelques articles manquants, un « cir » au lieu d'un « cri », une concordance des temps ratée, et quelques petits détails du genre qui s'avèrent dommage.
Cela n'empêche pas, cependant, d'apprécier la plume de Michel Honaker, et son passionnant récit, qui débute directement là où c'était arrêté le premier. En effet, notre Commandeur avait récupéré le Verbe de Vie et remis au rabbin de New-York pour qu'il le mette en sécurité à Jérusalem. Cependant, le terrible Emeth, le golem qu'avait affronté notre héros précédemment, revient (d'où le titre de l'ouvrage), aidé par un mystérieux allié. Emeth entend bien d'une part se venger, mais aussi utiliser le Verbe de Vie pour lâcher sur le monde une armée de pantin meurtrier.
L'histoire est aussi classique qu'efficace (mais garde tout de même quelques rebondissements, comme l'identité du méchant qui a sauvé Emeth), et la plume incisive de l'auteur empêche de lâcher l'ouvrage (assez court) avant la fin (pour ma part, je l'ai lu en à peine 24 heures).
La construction est, elle-aussi, classique, et débute, comme le premier, par un meurtre atroce (ici, deux, l'un permettant l'autre). Michel Honaker remplace l'originalité des séquences par des descriptions assez horribles et très sanglantes, qui auraient pu trouver leur place dans un livre gore. Un frisson parcourt l'échine, alors que l'auteur, au fil de la construction de son livre, offre au lecteur du sang (beaucoup) et de l'érotisme (un peu), mêlant parfois les deux en un melting-pot délicieusement terrifiant.
Encore une fois, Michel Honaker sait mélanger réalité sombre (son New-York est crasseux, poisseux) et fantastique classique mais visuellement percutant, avec des golems, des mannequins tueurs, et autres démons invoqués. Dans ce paysage, le Commandeur qui donne son nom au cycle s'y inscrit diablement bien. Au physique inoubliable et à la personnalité trouble, il fascine le lecteur, qui est saisi par une étrange fascination face à ce héros diablement border-line, portant des vêtements désuets, n'ayant peur de rien, et maniant une épée elfique pour se défaire des démons qu'il rencontre.
Le seul regret de l'ouvrage, c'est qu'on n'apprend encore une fois que très peu de chose sur son personnage, traité comme le héros d'un western, mystérieux, apparaissant parce qu'on a besoin de lui et disparaissant avec le soleil couchant (même si le Commandeur préfère officier la nuit). Pourtant, Michel Honaker distille quelques petites touches de mélancolie, de-ci, de-là, son héros se remettant légèrement en question, quand personne n'est là pour le regarder.
Return Of Emeth est donc une réussite, un livre à l'ambiance finalement atypique, très sombre et sanglant, et à l'efficacité redoutable. L'auteur ne part jamais dans de grandes descriptions, mais pourtant, avec quelques mots bien choisis, le lecteur sait toujours s'imaginer le paysage ou les personnages, et si l'intrigue privilégie l'efficacité, l'action et le sang, c'est un véritable plaisir que de se laisser emporter par cette histoire, qui nous fait attendre le troisième tome avec impatience."

 

On disait la race malfaisante des Inertes éteinte à jamais. On pensait le terrible Verbe de Vie en sûreté, dans les profondeurs de Jérusalem, hors d'atteinte des occultistes mégalomanes.

Il ne faut jamais jurer de rien.

 

Ebenezer Graymes savait, lui. Magicien et guerrier, initié d’un ordre ancien dont il a été banni, il est le seul à pouvoir s’opposer au déchaînement de ces forces infernales…

Deuxième volume en numérique des aventures du Commandeur qui vous amèneront au fil de leurs volumes au plus profond de l’enfer.

À lire et découvrir pour les amateurs de récits fantastiques. À relire pour ceux qui connaissent déjà mais ont peut-être oublié le merveilleux talent de Michel Honaker.

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